"cosmos blues" est un solo de danse porté par deux interprètes féminines, où sont développés en particulier les motifs liés à un corps
limité voire empêché.
Plan rapproché de ce que peut un corps qui parcourt, chute, grimpe, dévale, s'accroche, glisse... "dans un monde
incertain".
Ce corps là a besoin de temps de repos pour tenir, c'est ainsi que les deux danseuses interprètent tour à tour la partition du solo. Cela a
contribué à préciser la nature et la portée de ce que j'avais envie de mettre en scène. Comment continuer, avec quel type de danse et
dans quel espace ?
Je suis revenue à l'idée d'un espace à l'intérieur, comme un retour à la maison, suite à l'immense profondeur de champ où se déroule
"as far as the eye can hear" conçu en 2010 pour le plein air.
C'est bien dans un théâtre que nous sommes, en même temps que nous traversons un paysage créé de toute pièce : un simple fil
accroché transforme la cage de scène, des flaques d'eau étalées au sol se rejoignent en rivière, la figure d'un arbre est planté là. Ces
éléments nous servent de balises au gré de la chorégraphie.
Le besoin d'élargir les bords de l'espace de représentation reste un enjeu majeur pour ce retour à l'intérieur.
Par intérieur j'entends également l'espace plus intime que je travaille à partir de mon propre mouvement. Avec cette nécessité d'exploiter
un mode de déplacement qui ne va plus de soi pour des raisons personnelles.
Il s'est agi de partir de mes difficultés à bouger, mais aussi de nourrir une danse qui questionne le spectacle dans sa globalité.
La représentation d’un corps qui n’est pas formaté, la recherche d’une juste distance entre soi et celui qui regarde, ont motivé mes
spectacles depuis ces vingt dernières années. Un corps menacé par la chute ou l’obstacle, sonne comme une coïncidence quasi
prémonitoire entre mon parcours chorégraphique et ce que je vis maintenant "en vrai". Ces motifs sont d’autant plus actuels qu’il est
urgent de revendiquer le singulier dans une société qui uniformise et réduit toujours plus notre espace de liberté.
Que peut un corps instable dans un monde incertain ? cosmos blues ...
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