cie martine pisani

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Le paysage et l'imagination nous semblent être à l'opposé. Je pense à la différence entre le soft et le hard, le mental et le physique,

entre une pensée et un rocher. Mais je pense aussi à leur équivalence, à la transformation de l'un en l'autre. Par exemple, une pensée

peut mouvoir un roc. Une montagne peut inspirer une pensée.

Je pense aux infinis et aux limites. L'imagination est infinie ; le paysage est limité. [...] Mais aussi, le paysage est infini et l'imagination

limitée. Je vois une plaine sans fin sous un ciel bleu en pensant à tous les endroits de la terre inaccessibles en l'espace d'une seule vie.

Et malgré tous mes efforts, je ne peux me représenter l'instant de ma mort. [...]

Bill Viola in Revue Trafic n°3 été 1992

 

 

 

Le rythme vif et soutenu indique dès les premières minutes l’enchainement perpétuel d’énonciations évoquées par les actions de

Theo Kooijman, unique protagoniste de cette performance.

Du balayage, se faisant coup de pinceau pour dessiner les contours d’un territoire, à l’assemblage d'éponges formant une maisonnette

(un foyer) sur un tas de cendre tombé d’un moule, la résolution des questions qui se posent au spectateur ne se trouvent que dans

la formulation de nouvelles énigmes…

 

Martine Pisani invoque à travers l’exploration de la question de l’intérieur / extérieur, des surfaces analogues, des espaces différés, des

temporalités miroir où un pull roulé en boule et jeté vers le dehors annonce une bâche de plastique repliée sur elle-même projetée vers

le dedans, dépliée, savamment repliée (un gisant), déplacée par translation aérienne puis amalgamée au reste des éléments jonchant

le territoire de Jardin et Travaux.

 

L’acte fonctionnel, très appliqué du performeur, se poétise dès le début pour littéralement balayer à 20 cm au-dessus du sol. Cette

approche directe de la fiction permet la matérialisation de concepts forts par des accessoires communs. Ainsi, un tuyau blanc,

semi rigide, incarne une quatrième dimension qui offrirait à une bouteille en plastique de se déverser à 3 mètres de son emplacement.

La réapparition du liquide par un dispositif de jardinage évoque un ex nihilo dont le subterfuge prend place sous nos yeux complices.

La science révélée par le bricolage, l’art de l’habitat en toute pop-philosophie !

Les outils sont détournés parfois, parfaitement nécessaires toujours. Le balais balaie, peint, porte, dessine, balaie à nouveau …

le performeur lui, avance, inexorablement, son labeur est impérieux, les directions sont claires, parfois désorientées, rapides,

méticuleuses, imprimant un espace, une surface, un volume qui sera la partition de ce solo. Le chemin se construit pas à pas sous

les pieds du performeur, sous les coups de balais, les chutes d’eau, les chutes d'éponges, les renversements de cendre, les

déroulements de corde.

 

Cette corde que Theo Kooijman rembobine comme on rembobinerait le fil d’une histoire, emportant avec lui tout ce qui se trouve dans

son périmètre, ou presque.

Yann Gibert avril 2013

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