voyager dans le paysage

"as far as the eye can hear", dernière étape de RUNNING TIMES, s'est réalisée à l'extérieur et ambitionne la construction d'une image du

temps. Je suis partie de la notion de point de vue en installant les spectateurs en face du paysage où les trois protagonistes de la pièce

tracent leur territoire.

Cette pièce met en jeu le cadre, le proche et le lointain, le hors champ, les changements d'échelle, l'espace public et privé, aussi loin que

l'œil peut entendre ...

paysage intérieur

Je pars cette fois sur l'idée d'un espace à l'intérieur, comme un retour à la maison, suite à la grande profondeur de champ que m'a offert

le plein air. La question du cadre de scène, des murs, du plafond, du rapport scène/salle se pose d'autant plus fortement que mon besoin

est de bousculer l'espace de jeu, d'en élargir les bords. D'autant plus que les deux pièces de RELATIVITE GÉNÉRALE s'amusent de

l'infiniment grand et petit espace qui nous habite. C'est bien dans un théâtre que nous sommes, et en même temps dans un paysage qu

nous dépasse.

La scénographie est différente pour chacune des pièces.

Par intérieur j'entends aussi un espace plus intime, celui que je travaille à partir de mon propre mouvement.

Avec cette nécessité d'exploiter un mode de déplacement qui ne va plus de soi pour des raisons personnelles.

que peut un corps instable dans un monde incertain ?

La représentation d'un corps qui n'est pas formaté, la recherche d'une juste distance entre soi et celui qui regarde, ont motivé mes

spectacles depuis ces vingt dernières années.

Un corps menacé par la chute ou l'obstacle, sonne comme une coïncidence quasi prémonitoire entre mon parcours chorégraphique et ce

que je vis maintenant "en vrai".

Ces motifs sont d'autant plus actuels qu'il est urgent de revendiquer le singulier dans une société qui uniformise et réduit toujours plus

notre espace de liberté.

Observer ce drôle de langage. Passer un gué et nous retrouver sur la rive du voisin.

De cosmos blues à rien n'est établi, la danse que j'ai envie de partager, s'attache à inventer des terrains glissants.