Ventilo avril 2002
La prochaine fois que vous trébucherez dans la rue, pensez à maquiller le faux-pas, c'est le début de la danse. Un lapsus de la marche en quelque sorte. Le corps y retrouve l'inconscience dont le privait son usage social, le déséquilibre, l'inadéquation fondamentale à son fonctionnement ordinaire. Martine Pisani, dans ses spectacles sans et Ce que je regarde me regarde, met en scène cette proximité du burlesque et du dansant, ce petit déplacement ou dérapage du corps qui en révèle la singularité et la pesanteur, et remet en question notre perception du naturel : ce qui est premier, c'est la maladresse du corps cherchant son équilibre à tâtons, organisant dans le chaos des forces naturelles un monde stable avec un haut, un bas, une gauche, une droite. La marche elle-même, comme disait Giacometti, est en déséquilibre permanent, et ce que manifeste le trébuchement, une rupture dans l'équilibre qui le force à se ressaisir, à s'appuyer sur d'autres corps, et à danser.
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