Ceci n'est pas de la danse, Corinne Jacquiery, 24 heures 06.10.2006
Dans le cadre du Festival international de danse de Lausanne, la chorégraphe Martine Pisani s’affirme délibérément Hors sujet.
Si la peinture de René Magritte – le peintre qui créait l’image d’une pipe tout en soulignant que ce n’en était pas une – s’interroge sur sa propre nature, la danse de Martine Pisani fait de même, mais à l’envers et avec un sacré sens de la dérision. Plutôt que de montrer des mouvements, la chorégraphe les évoque le plus souvent verbalement, et donne le récit d’une représentation par le biais de ses quatre interprètes masculins, Christophe Ives, Theo Kooijman, Eduard Mont de Palol et Nicolas Sevaux.
Tard venus à la danse, les trois premiers donnent à voir d’hilarantes interactions autour d’un non-sens. Tâtonnant dans un brouillard virtuel, sautant dans un précipice imaginaire ou mimant pudiquement un striptease, ils décryptent leurs attitudes dans une langue inconnue, avec des sous-titres lumineux mais peu éclairants. Faussement maladroits, les gestes se déroulent comme une page blanche « dixit » ou servent de ponctuation à des textes inspirés de Socrate ou Guy Debord.
Si elle n’échappait pas à quelques temps morts, mercredi, la pièce met en exergue les dérives d’une danse qui s’oublie parfois par trop d’intellectualisme. Cette mise en abîme de la représentation dansée est destabilisante, aussi bien pour les interprètes que pour le public. En se moquant d’elle-même et de certains tics chorégraphiques qui coupent la communication avec les spectateurs, Martine Pisani fait montre d’une intelligence revigorante.
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