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Je regarde quelqu’un dans les yeux : ils se baissent - c’est la pudeur, c’est à dire pudeur du vide qui est derrière le regard - ou bien ils mefixent à leur tour. Et ils peuvent me regarder avec effronterie, exhibant leur vide comme si, derrière, il y avait un autre œil abyssal qui connaît ce vide et s’en sert comme d’une cachette impénétrable ; ou bien avec une impudence chaste et sans réserve, laissant passer dans le vide de nos regards amour et parole.

Nous appelons tragi-comédie de l'apparence le fait que le visage découvre seulement dans la mesure où il dissimule et dissimule dans la mesure où il découvre. De la sorte, l'apparence qui devait le révéler devient, pour l’homme, un semblant quille trahit et où il ne peut pas se reconnaître. Précisément parce que le visage n’est que le lieu de la vérité, il est immédiatementaussi le lieu d’une simulation et d’une impropriété irréductible. Cela ne veut pas dire que l'apparence dissimule ce qu'elledécouvre, le faisant apparaître tel qu’il n’est pas vraiment : au contraire, ce que l’homme est vraiment n’est pas autre chose que cette dissimulation et cette inquiétude dans l’apparence.

Parce que l’homme n’est et n’a pas à être une essence ou nature ni un destin spécifique, sa condition est la plus vide et la plusinsubstantielle : la vérité. Ce qui reste caché n’est pas pour lui quelque chose derrière l’apparence, mais le fait d’apparaître, le fait de n’être rien d’autre chose que visage.

Giorgio Agamben in Moyens sans fins

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