La sensibilité chuchotée de Slow down, Marie-Christine Vernay, Libération octobre 2002

Le minuscule. Après un volet consacré aux compagnies nordiques, lors du marathon danse, Octobre en Normandie a présenté la dernière pièce de Martine Pisani, qu’elle a élaboré lors d’une résidence au Havre puis à Dieppe. C’est à la scène nationale de Dieppe qu’on a pu apprécier le travail de la trop discrète chorégraphe. Rien n’encombre la scène, ne vient interférer entre spectateurs et interprètes même pas la musique. Mais dans Slow down, rien non plus n’est austère. On serait plutôt dans la tendresse, le minuscule.

Le plateau est une aire de jeu pour six personnages – qui ne quêtent aucun auteur. Car Martine Pisani ne signe pas une œuvre, elle met en chantier les troubles anodins, les maladresses, les blocages, les élans qui font le vivant de la relation entre les êtres. Ces êtres, elle les choisit bien, acteurs ou danseurs, tous personnages à la sensiblité à fleur de peau, interprètes de talent qui ne font pas carrière mais qui, à chaque occasion, dans une compagnie ou une autre et dans leur travail personnel, recherhent le raffinement.

Facéties. A six, toujours présents sur le plateau, cachés parfois par un panneau, ils se livrent à quelques facéties. Ils donnent l’impression d’improviser, de ne pas savoir ce qu’ils doivent faire. Ils sont décalés, jamais tout à fait à leur place. On pense à d’autres univers : celui de Charlie Chaplin, celui de Georges Appaix, celui de Jacques Tati. C’est très drôle, mais pour autant il ne s’agit pas d’une farce. Si le spectacle n’a pas encore trouvé son rythme - car le comique de qualité ne supporte aucune anicroche -, il sait déjà être en sympathie avec le public, sans l’agripper. Un saut en équilibre, un karaoké, beaucoup de regards, des suspensions, des hésitations, des déclarations au micro sans voix… : tout est chuchoté par cette équipe qui fonctionne en collectif, même si chacun y prend son espace individuel.

Sourdes oreilles. Le dossier de présentaiton du spectacle s’ouvre par une citation de Gilles Clément : "le décalage provient du sentiment de parfaitement comprendre et cependant de n’avoir pas tout compris". C’est exactement ce qui se passe sur scène et entre la scène et la salle. Slow down, qui porte bien son titre, redonne une chance aux sourdes oreilles, aux strabiques et, plus généralement, à tous ceux qui ont des problèmes d’adaptation.

biographies

contacts

libération

les inrockuptibles

mouvement.net

mouvement.net

l'humanité

danser

spectacles

autres activités

irish times

Slow down

bonus

historique -

presse -

images -

texte -

calendrier

cie martine pisani

français

english